23 Novembre 2010

Tempête de neige autour de la comète Hartley-2

Après avoir survolé la comète Temple-1 en 2005, la sonde Deep Impact de la NASA s’est dirigée vers la comète Hartley-2. Les scientifiques ont alors pu observer un petit objet en pleine tourmente et assister à une véritable tempête de neige.

2 décembre 2010

Une comète petite et très active

« Hartley-2 est la comète la plus active jamais étudiée in situ, commente Frédéric Merlin, enseignant-chercheur à l’Université Paris 7, soutenu par le CNES. On a pu assister à la projection de morceaux de glace dans la coma [chevelure] mais aussi à une véritable tempête de neige à la surface du noyau. »

Une scène spectaculaire immortalisée… Presque par hasard.

En effet, la sonde américaine Deep Impact devait étudier la comète Temple-1 puis continuer sa course sans autre but.

Mais comme il restait du carburant et que la sonde était en bon état, les scientifiques ont pu la diriger vers la comète Hartley-2 dans le cadre de la mission étendue EPOXI.

« Hartley-2 est une petite comète de 2 km de long, qui transite dans la proche banlieue solaire depuis quelques décennies seulement, raconte Frédéric Merlin. Lors du survol, la comète était relativement proche du Soleil (1) et donc soumise à des températures de surface assez élevées, de l’ordre de quelques dizaines de degrés celsius. »

« On s’attendait donc à avoir une comète très active, la proximité du Soleil conduisant les glaces du noyau à se vaporiser rapidement, poursuit le chercheur. Et ça s’est vérifié : plus de la moitié de la surface d’ Hartley-2 présentait des signes d’activité. »

Une activité induite par le dioxyde carbone

Depuis le sol, impossible de connaître avec précision la composition chimique des comètes, notamment en ce qui concerne leur noyau.

Les sondes spatiales sont alors le seul moyen pour étudier en détails ces « boules de neige sale », vestiges de la formation du système solaire.

Et, une fois de plus, la récolte s’est avérée fructueuse.

Les instruments embarqués à bord de la sonde ont permis de confirmer la présence de morceaux de glace d’eau dans la chevelure de la comète et, pour la 1ere fois, d’estimer leur taille. Certains sont aussi gros que des ballons de basket !

Autre découverte : le moteur de cette activité. « Jusqu’à présent, on pensait que les jets de gaz et l’activité des comètes étaient liés à la vaporisation de la glace d’eau ou de monoxyde de carbone. Or, nous avons surtout observé du dioxyde de carbone, explique Frédéric Merlin. Sur Hartley-2, ce sont des jets de dioxyde de carbone qui projettent les blocs de glace et provoquent les tempêtes de neige (2). Et on pense que cela pourrait expliquer l’activité de la plupart des comètes. »

Plusieurs années seront nécessaires pour déchiffrer les 120 000 images et spectres acquis durant toute l’approche de la comète Hartley-2.

La sonde Deep Impact, de son côté, continue sa route et pourrait réserver encore de belles surprises aux scientifiques.

 



(1) La comète se trouvait à un peu plus d’1 Unité Astronomique (UA) du Soleil, 1 UA correspondant à la distance Terre- Soleil.
(2) La neige ne retombe pas à la surface de la comète, comme c’est le cas sur Terre, mais s’évade en grande partie dans l’espace.

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