6 Juillet 2010

Quel chasseur de débris pour demain ?

Malgré les mesures de prévention, les débris spatiaux qui gravitent autour de la Terre sont de plus en plus nombreux. Et aujourd’hui, il est urgent d’agir. Les spécialistes du domaine se sont donc réunis sous l’impulsion du CNES à Paris, le 22 juin dernier, pour trouver des solutions.

6 juillet 2010

De la prévention au nettoyage

« Même si l’on arrêtait les lancements, le nombre de débris en orbite continuerait à augmenter à cause des collisions, affirme Christophe Bonnal, expert sénior à la Direction des lanceurs du CNES.

L’ingénieur Don Kessler de la NASA avait prédit ce phénomène de cascade collisionnelle en 1991 et aujourd’hui, ça se vérifie. Il faut donc réagir, aller retirer des objets ! »

Pas moins de 15 000 objets de plus de 10 cm et de 300 000 objets compris entre 1 et 10 cm circulent actuellement autour de la Terre.

Avec une concentration maximum entre 700 et 1 000 km d’altitude.

Leur origine ? Essentiellement des restes de lanceurs ou de satellites hors services.

Focus : chasseur de débris

Interview reportage de Christophe Bonnal, expert sénior à la Direction des lanceurs du CNES, et de Fernand Alby, responsable des activités "Débris spatiaux" au CNES.
Extrait du , juillet 2010

Pour enrayer l’augmentation du nombre de débris spatiaux et éviter de nouvelles collisions, des mesures ont été prises.

La « règle des 25 ans » limite, par exemple, le temps de séjour en orbite de n’importe quel objet à 25 ans.

Aujourd’hui, environ 50 % des satellites géostationnaires sont correctement pris en charge à leur fin de vie.

Toutefois, comme le souligne Fernand Alby, responsable des activités « Débris spatiaux et Surveillance de l'Espace » au CNES, le constat est sans appel :

« On a fait beaucoup d’effort pour la prévention et cela a permis de ralentir les courbes, mais cela ne suffira pas. Il va falloir faire le ménage ! »

Attraper les débris ou souffler dessus

Plusieurs solutions sont donc envisagées pour tenter de débarrasser l’espace de ses encombrants.

Tandis que l’Europe pense à reconvertir l’ATV, actuel ravitailleur de la Station spatiale internationale, en chasseur de débris, le CNES se penche sur l’OTV (véhicule de transfert d’orbite).

« La solution la plus simple est d’avoir un véhicule qui s’approche du débris, s’y accroche grâce à un bras robotique puis le redescend dans l’atmosphère, explique Christophe Bonnal.

On peut aussi attraper le débris et l’équiper d’un kit de désorbitation, un moteur à propulsion solide par exemple. »

« Le moteur équipant le débris serait allumé, permettant la rentrée dans l'atmosphère de celui ci, reprend Christophe Bonnal. Cette solution est plus complexe mais elle permet d’utiliser l’OTV pour désorbiter plusieurs débris au cours d’une même mission. »

Autre idée originale : équiper l’OTV d’un moteur ionique (1) qui « soufflerait » sur les débris et ainsi les désorbiterait.

Toutes ces idées, et surtout leur faisabilité technique et financière, ont été étudiées lors de la réunion d’experts qui s’est déroulée le 22 juin dernier à Paris.

La JAXA (2) et la NASA se sont d’ailleurs montrées très enthousiastes sur une collaboration future avec le CNES.

 

(1) Qui produit sa force de propulsion en projetant des ions à très haute vitesse
(2) Agence d'exploration aérospatiale japonaise

 

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