13 Mai 2014

Mars Express : un précieux silence radio

Le 28 avril dernier, Phobos a occulté Mars Express empêchant toute communication avec la Terre pendant 9 sec. Ce silence radio, précieux pour les scientifiques, a été capté par une ancienne parabole du CNES installée dans le jardin d'un radioamateur à 65 km de Toulouse.
Crédits : Bertrand Pinel

Les agences spatiales ne sont pas les seules à avoir de « grandes oreilles » et à écouter les «bip bip » envoyés par la sonde européenne Mars Express tournant autour de la planète rouge. Basé à Castelnaudary, Bertrand Pinel les capte aussi grâce à une ancienne parabole du CNES de 3,5 m de diamètre récupérée en 1993 lors de la mise hors-service de la station de poursuite d'Issus-Aussagel située près de Toulouse.

Grâce à un système ingénieux d'écoute composé notamment d'amplificateurs de signaux fabriqués « maison», d'analyseurs et de 2 horloges atomiques à rubidium, l'ancien pharmacien aujourd’hui à la retraite a enregistré le 28 avril 2014 entre 01 h 08' 24" UTC à 01 h 08' 33" UTC un événement rare et précieux : le silence radio de Mars Express. L'agence spatiale européenne (ESA) l'avait personnellement prévenu que Phobos, la plus grosse des 2 lunes de Mars, allait passer entre l'orbiteur européen et la Terre coupant alors toutes les communications.

Or les silences ont parfois du bon... Grâce à lui, les scientifiques vont pouvoir recaler leurs modèles orbitaux : ils connaissent maintenant précisément la position de Phobos le 28 avril un tout petit peu avant 01 h 08' 24" et un tout petit peu après 01 h 08' 33". La position de Mars Express est en effet parfaitement connue. L'observation de Phobos par l'orbiteur européen avait déjà permis de corriger notablement son orbite : Phobos se trouvait en avance de plusieurs km sur les prévisions des modèles !

Connaître l'éphéméride de Phobos est essentiel si l'on souhaite un jour y poser une sonde. Pas question de louper ce petit corps en forme de pomme de terre qui mesure 27 km en son point le plus large et qui tourne 3 fois par jour autour de Mars, à seulement 6000 km de sa surface (pour comparaison, notre Lune se situe à 384 000 km de la Terre). Des missions sont d'ailleurs à l'étude côté russe et européen. L'idée serait de faire atterrir mais aussi décoller une sonde permettant un retour d'échantillons sur Terre. Leurs analyses pourraient permettre d'élucider le mystère entourant l'origine de Phobos, mais aussi de Deimos, la seconde lune patatoïde de Mars. S'agit-il d'astéroïdes capturés ou bien d’agrégats de matériaux martiens éjectés lors d'impacts d'astéroïdes ? Ou d'une ancienne Lune martienne éclatée ?

Focus : Mars Express est la 1ere mission martienne de l'ESA. Lancée en 2003 et d'une durée initiale de 23 mois, elle a été prolongée à plusieurs reprises. Elle devrait être prolongée en novembre jusque fin 2016. Le CNES a financé et assuré le suivi technique du développement de plusieurs instruments de Mars Express.

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