15 Mai 2014

Rosetta : Félicitations, c'est une comète !

La sonde européenne Rosetta a observé un saut d'activité de la comète Churyumov-Gerasimenko, autour de laquelle elle doit se mettre en orbite en août prochain. Un nuage de gaz est apparu autour du noyau cométaire.
Crédits : ESA/OSIRIS team

Depuis son réveil en janvier dernier, la sonde Rosetta observe régulièrement sa cible, dont elle s'approche à la vitesse de 800 m par seconde. Jusqu'ici, à plus de 1,3 million de kilomètres de distance, la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko était pour Rosetta un simple point parmi les étoiles. Mais depuis fin avril, ce point est devenu une tache : la chevelure de la comète, ou coma, s'est formée  à l'approche du Soleil. C'est ce nuage diffus de gaz et de poussières illuminé par le Soleil, long de 1300 km, que l'on peut voir sur l'image ci-dessus.

Cette activité nouvelle, caractéristique des comètes, était prévue. Mais les scientifiques ne l'attendaient pas forcément si tôt. « Le phénomène s’est produit vers 4 ua (600 millions de kilomètres) du Soleil, ce qui n'est pas exceptionnel pour une comète. Même si, habituellement, on l’observe plus près du Soleil, à moins de 3 ua » explique Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du système solaire au CNES. À cette distance, « il est fort probable que les gaz qui créent cette activité ne soient pas de la vapeur d'eau, mais des gaz plus volatiles comme le CO ou le CO2, poursuit l'astrophysicien. Tout cela devra cependant être confirmé par des analyses chimiques à venir. »

Rosetta, qui survolera le noyau cométaire à quelques dizaines de kilomètres de distance à partir d'août prochain, se trouvera en permanence dans ce nuage. Mais Francis Rocard se montre rassurant : « Ce contexte était prévu, même si on ne sait pas précisément comment va se comporter Rosetta dans ce nuage de gaz et poussières ».

Une surprenante activité qui rappelle que l'on sait peu de choses des comètes. La sonde européenne Rosetta sera en effet la première à étudier en détail un de ces petits corps célestes. Les comètes, composées d'un mélange primitif de glaces, de matière organique et de composés réfractaires, pourraient apporter des réponses aux interrogations sur la formation du Système Solaire et l’apparition de la vie sur Terre.

Rosetta restera au plus près de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko pendant au moins 18 mois. Cerise sur le gâteau, le petit atterrisseur, Philae, doit se poser sur la surface du noyau cométaire en novembre 2014 pour en étudier la composition. Rosetta devrait ensuite être aux premières loges pour assister à la « montée en puissance » de l’activité de la comète jusqu'à son passage au plus près de notre étoile, voire à sa « mise en sommeil » progressive quand elle retournera dans l’espace interplanétaire sombre et glacé.

Le CNES est fortement impliqué dans la mission Rosetta, lancée par Ariane 5 en avril 2004. Les scientifiques et ingénieurs français ont participé à la conception de 10 des 11 instruments de Rosetta et 5 des 10 instruments de Philae. Le centre de contrôle scientifique de Philae, le SONC, est de plus installé dans les locaux du CNES au Centre spatial de Toulouse.

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